Assez peu connus auparavant, les pangolins ont injustement mauvaise réputation dans nos contrées depuis la crise du coronavirus ayant touché les pays occidentaux en 2020. Pourtant, ils ont sans doute plus à craindre de nous que l’inverse, sauf peut-être si vous êtes une fourmi !? Lisez donc cet article pour vous en convaincre et rendre enfin justice aux pangolins !
Appelez-moi Manidae !
De leur vrai nom Manidae (Manidés), les pangolins modernes sont des mammifères insectivores et plus particulièrement myrmécophages, c’est-à-dire se nourrissant de fourmis. Ils sont les seuls mammifères au monde dont le corps est recouvert d’écailles, ce qui leur vaut d’être parfois appelés « fourmiliers écailleux ». Mais le nom « pangolin » vient en fait du mot malais « pengguling » signifiant « enrouleur ».
Seuls leur museau, leur ventre et l’intérieur de leurs pattes sont dépourvus d’écailles. Leur tête est étroite et allongée et leurs pattes se terminent par cinq doigts griffus. Leur langue est très longue et collante. Leur taille moyenne se situe entre 30 et 80 cm de long, à l’exception du pangolin géant pouvant peser plus de 30 kilogrammes et mesurer 1,50 mètres.
Les pangolins sont plantigrades et les espèces terrestres pratiquent la bipédie comme principal mode de locomotion, ce qui n’est pas chose courante chez les mammifères.
Les pangolins jouissent d’une ouïe fine et d’un bon odorat compensant leur vue médiocre. Les espèces terrestres creusent des terriers, quand les arboricoles utilisent leur queue pour grimper dans les arbres. Il s’agit d’un animal solitaire, les mâles et femelles ne se rencontrant que pour s’accoupler, la femelle ne donnant généralement naissance qu’à un seul petit, dont les écailles durcissent en quelques jours.
Huit espèces différentes
Parmi les huit espèces recensées dans le monde, quatre vivent en Afrique : le Pangolin à écailles tricuspides (ou Pangolin commun), le Pangolin géant (ou Grand pangolin), le Pangolin de Temminck (ou Pangolin terrestre du Cap) et le Pangolin à longue queue (ou tétradactyle).
Et quatre vivent en Asie : le grand pangolin de l’Inde (ou à grosse queue), le pangolin de Chine (ou à queue courte), le Pangolin des Philippines, le Pangolin javanais (ou malais).
Ces espèces se répartissent en deux sous-familles : Maninae pour les pangolins asiatiques et Smutsiinae pour les pangolins africains.
À noter que parmi les espèces disparues, une a vécu en Europe durant l’époque géologique du Pliocène.
Un animal sauvage
Le pangolin est le seul mammifère quasiment impossible à élever en captivité, où son espérance de vie dépasse rarement quelques mois. Il existe néanmoins quelques zoos asiatiques ayant réussi cet exploit et même à le faire se reproduire.
Les pangolins et le coronavirus
Il est avéré qu’ils hébergent de nombreux virus dont certains coronavirus, qui ont été détectés chez des pangolins malais saisis par les douanes chinoises en 2019.
En 2020, une étude de l’Université d’agriculture de Chine du Sud a annoncé qu’un séquençage du virus trouvé chez des pangolins était homologue à 99 % à celui du virus SRAS-CoV-2 provoquant la Covid-19. Il est possible qu’il ait servi d’espèce-réservoir entre la chauve-souris et l’homme.
Avant tout, une espèce en danger
Les pangolins sont considérés comme les mammifères les plus braconnés au monde, principalement pour fournir la médecine traditionnelle du sud-est asiatique, même s’ils sont aussi chassés comme viande de brousse (par exemple au Gabon).
Toutes ses espèces sont classées comme en danger et deux d’entre elles, le pangolin malais et le pangolin de Chine, en danger critique d’extinction. Des études menées en 2016 tendent à confirmer que leur population a presque été décimée lors des 30 dernières années.
Son commerce est illégal, mais en 2017, 12 tonnes d’écailles de pangolin, en provenance d’Afrique, ont été saisies en Chine, ce qui équivaut à 20 000 animaux. En 2019, neuf tonnes ont de nouveau été interceptées à Hong Kong, en provenance du Nigeria. La valeur marchande de cette saisie avoisinait les 8 millions de dollars.
Il trouvera peut-être un allié dans le rat de Gambie, qui grâce à son odorat et ses capacités d’apprentissage, pourrait être capable de détecter des pangolins ou leurs écailles dans les cargaisons. Des rats de Gambie ont ainsi été entraînés en 2017 en Belgique.
Enfin, sachez que chaque 3ᵉ samedi de février est organisée la Journée mondiale du pangolin pour alerter l’opinion sur les risques de disparition de cette espèce animale.
Les prétendues vertus médicales
Selon certaines croyances chinoises, manger du pangolin soulagerait des rhumatismes, quand son sang favoriserait la circulation sanguine ou encore sa bile soignerait la vue et diminuerait l’irascibilité…
Quant à ces fameuses écailles, qui sont en fait constituées de kératine (comme les cheveux et ongles humains), elles sont censées aussi avoir des vertus curatives dans plusieurs pays asiatiques, que cela soit pour augmenter la virilité ou favoriser la santé des femmes allaitantes. Aucun de ces effets n’a été démontré.
Les pangolins peuplent notre imaginaire
Nous les retrouvons dans de nombreuses créations humaines. Il s’agit par exemple de Sablaireau un des personnages des Pokémon ou encore du Gérard des « Chroniques de la haine ordinaire » de Pierre Desproges. Une des « Trois vies chinoises » du romancier Dai Sijie relate la mise à mort d’un pangolin destiné à être cuisiné pour un client d’un restaurant.
Enfin, et puisque WikiLerni est un site libriste, sachez que « Precise Pangolin » a été le nom donné à la version 12.04 de la distribution Ubuntu (système d’exploitation GNU/Linux) !
Accéder au quiz : Mais qui est vraiment le pangolin ?
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